Cri d'un peuple, le flamenco est maintenant inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO au titre des biens culturels et immatériels. Une reconnaissance de l'universalité de cet art qui pourtant est un monde musical d'initiés où les musiciens, bailaores, cantaores transmettent l'art "jondo". Mais cet art vit et la manifestation de cette vie se matérialise par les métissages qui viennent l'enrichir plus que ne l'abâtardissent...

Le patrimoine génétique de la culture flamenca a maintenant trouvé une dynamique qui le rend perméable à de nombreux pratiquants. Sait-on que lors des concours traditionnels organisés en Andalousie, ce sont jusqu'à neuf nationalités qui sont représentées ?

N'oublions pas l'élément fondamental de cet art qu'est la culture gitane qui a produit les plus grands interprètes de notre siècle. Camaron de la Isla, héritier - malheureusement disparu en 1995-  de la lignée des grands cantaores porte encore la fierté du peuple gitan. Probalement le plus populaire, il a su traverser deux décennies importantes pour le développement de cet art en compagnie de l'autre génie, pourtant "payo" qu'est Paco de Lucia.

C'est ainsi que toute une nouvelle génération a pu enrichir sans crainte le cante, le baile, la guitare par des accents jazz, tango, pop, indiens... car il a été porté si haut et si fort que le risque de dénaturation reste faible.

Il faut absolument écouter Pitingo qui n'hésite pas à parler de "souleria", mariage curieux mais étonnant, ou alors regarder danser Israel Galvan qui, à partir de sa culture flamenca s'empare de manière magistrale des palos pour les intégrer dans un ballet plus contemporain que jamais.

On peut apprécier ou pas ces évolutions, mais elles illustrent à merveille la capacité qu'a le flamenco à se maintenir en vie tout en respectant ses codes, dans un monde où la mondialisation étouffe malheureusement les cultures moins visibles que celles habituellement portées par les médias pour des motifs essentiellement économiques.

Enfin, il faut rendre au monde gitan et rom, qui véhicule une culture musicale riche depuis des siècles, sa place dans notre société en valorisant sa créativité, sa culture, sa richesse malgré les difficultés socio-économiques que traversent toutes ces communautés en Europe et une visibilité dégradée par une image associée à la pauvreté et une certaine forme d'exclusion.